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Alexandre Hounkpevi

Avec le soutien de L’Etudiant et de l’Institut de recherche économique de l’Ouest (Ireco)

Selon un sondage réalisé en septembre 2018, la moitié des Français pense que les universités américaines font de meilleures études que les universités françaises.

Pourquoi cette méfiance de la part des Français ? D’abord, en raison des controverses suscitées par les études américaines depuis des années. Dans la foulée de l’affaire Weinberger, la France a créé une commission chargée d’auditer les études supérieures américaines. Un rapport est rendu public en 2013, puis en 2017, et il conclut que le niveau de qualité des études supérieures américaines est en hausse. En outre, dans le cadre de la loi LRU (2007-2012) votée en France, des financements publics ont été attribués à la recherche aux États-Unis, notamment dans le domaine du cancer.

La question de la qualité de la formation universitaire est donc de plus en plus présente en France. Le rapport des deux inspections générales a d’ailleurs conclu en mars 2018 que les écoles françaises « présentent de faibles niveaux de qualité et de cohérence des programmes », que « les étudiants se trouvent parfois confrontés à des enseignements très éloignés de la pratique médicale » et que « la formation médicale est souvent inégale ».

Les critiques françaises sont partagées par la communauté scientifique. Les chercheurs américains considèrent que les universités françaises sont « plus centrées sur des aspects techniques de l’enseignement que sur une approche globale », et que les programmes des établissements d’enseignement supérieur sont « moins transparents ».

Les Français voient aussi un problème majeur dans la manière dont les universités américaines gèrent les problèmes d’égalité, les inégalités entre étudiants ayant une forte probabilité de passer aux Etats-Unis et ceux n’ayant pas la chance d’y faire des études.

Un rapport sur les diplômes délivrés par les universités américaines vient d’ailleurs d’être rendu public. Ce rapport souligne que les universités américaines mettent plus l’accent sur la reconnaissance des diplômes que sur la qualité des diplômes.

Le rapport relève aussi le fait que les diplômes délivrés par les universités américaines sont souvent « délivrés sur dossier », tandis que les diplômes délivrés par les universités françaises sont « délivrés au concours » ou « sur titre ».

La publication de ce rapport a aussi déclenché une avalanche de critiques des étudiants américains, dont la majorité de la communauté scientifique. Cette dernière voit un danger à ce que des universités françaises délivrent des diplômes qui sont reconnus aux États-Unis comme des équivalents à des diplômes américains. La communauté universitaire américaine est majoritairement opposée à ces deux mesures.

Mais pour la communauté universitaire française, la situation n’est pas meilleure. Selon le directeur des études de l’Ilec, Thierry Kresser, il n’y a pas de problèmes spécifiques à la France, mais une volonté politique de renforcer la concurrence dans la formation des étudiants universitaires.

« Il faut être plus agressif avec les Etats-Unis, car les politiques américaines et françaises sont très différentes. Les politiques américaines sont très axées sur la reconnaissance des diplômes et l’accréditation des diplômes ; en revanche, en France, la formation est plus centrée sur les compétences », explique-t-il.

« Il est important de ne pas laisser aux universités le soin de décider comment délivrer les diplômes. En France, il y a une volonté politique très forte de renforcer la concurrence dans la formation des étudiants universitaires. Nous avons un système très différent de ce que l’on peut trouver chez nos voisins américains », poursuit-il.

Thierry Kresser, directeur des études à l’Ilec

Selon Thierry Kresser, « les Etats-Unis sont très agressifs dans la concurrence entre les universités dans la formation des étudiants. Cela se voit à l’observation. On ne peut pas se contenter des quelques universités qui délivrent un diplôme à un taux acceptable dans les deux pays. Si une université américaine n’accepte pas de recevoir une partie de ses étudiants, elle n’est pas digne de la recevoir ».

Cette volonté de la part des universités américaines de se distinguer de la formation française est illustrée par les critères de sélection des étudiants qui ont droit à un diplôme aux États-Unis. Les critères retenus par les universités américaines pour la sélection des étudiants sont très rigoureux : « les critères de sélection sont très stricts. La qualité du dossier est le critère numéro 1 », souligne Thierry Kresser.

Les établissements d’enseignement supérieur aux Etats-Unis prennent en compte un certain nombre d’éléments. Les étudiants doivent avoir des diplômes dans d’autres domaines que la médecine, la biologie, les sciences de la vie, etc. Les candidats doivent avoir fait de nombreux stages dans des entreprises ou encore avoir été en contact avec des organisations gouvernementales et non gouvernementales. Ils doivent avoir des résultats scolaires exceptionnels ou encore être engagés dans des associations et des projets associatifs.

« Il y a un certain nombre de critères, dont certains sont liés à la santé et à la recherche scientifique », souligne Thierry Kresser.

Les écoles françaises ne proposent pas autant de critères que les universités américaines. Elles n’exigent pas les mêmes résultats académiques. Par exemple, les écoles françaises peuvent être plus exigeantes en ce qui concerne le niveau d’anglais des étudiants. Les écoles américaines sont plus ouvertes à l’exigence d’un bon niveau d’anglais. L’autre critère sur lequel les Etats-Unis se distinguent est celui des résultats financiers de la famille. Par exemple, pour avoir droit à un diplôme français, les étudiants doivent avoir un salaire supérieur ou égal à 400 000 dollars (340 000 euros).

Les Etats-Unis ont aussi un système de reconnaissance des diplômes. En France, un étudiant diplômé en France ne peut pas être admis dans un établissement américain. « La France est un peu en retard dans le système de reconnaissance des diplômes », explique Thierry Kresser.

Un rapport sur les études supérieures aux États-Unis

Pour le rapport sur les études supérieures aux États-Unis, les États-Unis ont « une politique d’immigration beaucoup plus agressive » que la France, souligne Thierry Kresser. En France, la politique est plus progressive. La France a le système d’immigration le plus ouvert des pays de l’OCDE, ce qui est un avantage.

L’admission dans les universités américaines est libre. Elle est liée à des critères plus larges, tels que le nombre d’étudiants, la qualité de la recherche ou encore le nombre de postes. Les universités françaises doivent faire partie de l’une des 66 « national universities ».

Pour le rapport, ce système d’immigration « est un peu plus ouvert aux étudiants américains que les systèmes français et britanniques ».

Les étudiants français qui souhaitent étudier aux Etats-Unis peuvent être admis dans des « graduate programs ». « C’est un programme de trois ans, pour obtenir un diplôme de troisième cycle », explique Thierry Kresser.

Certains Etats américains comme la Californie et New York mettent en place des programmes de bourses. Ces programmes peuvent être très sélectifs et il faut avoir de bonnes notes.

Ces deux systèmes sont-ils suffisants pour inciter les étudiants français à étudier aux États-Unis ? « Il y a un problème de reconnaissance des diplômes, les Etats-Unis sont très agressifs en ce sens », estime Thierry Kresser.

Dans le même temps, les étudiants français ont tendance à s’orienter davantage vers des formations à distance. « Les étudiants français sont un peu plus tournés vers les formations à distance que les étudiants américains », explique Thierry Kresser.

Pour le directeur des études de l’Ilec, « le système de bourses est très important et fait partie de la politique des Etats-Unis en matière d’immigration ». Mais « le gouvernement français n’est pas enclin à donner des bourses aux étudiants français », affirme Thierry Kresser.

« Un étudiant français doit être en mesure de fournir une bonne justification pour la demande de bourses », explique Thierry Kresser. Il faut notamment montrer que les études envisagées seront une aide précieuse pour l’entreprise ou l’association, et qu’il est nécessaire de faire des études aux Etats-Unis.

Les Etats-Unis sont très agressifs en ce qui concerne la sélection des étudiants. Ils ont un système de sélection des étudiants basé sur les « grades » et les « mérites » des étudiants. « C’est le système de sélection le plus rigoureux au monde », indique Thierry Kresser.

Les Etats-Unis sont également très stricts en ce qui concerne l’équité de la sélection des étudiants. Un étudiant français qui étudie aux Etats-Unis ne doit pas avoir plus de 12 de moyenne en sciences pour être admis dans un programme de doctorat. Pour la majorité des universités américaines, un étudiant doit avoir 12 de moyenne en science et en anglais.

Pour Thierry Kresser, « il y a un problème d’équité en ce qui concerne les étudiants français qui étudient aux Etats-Unis. Le problème est qu’ils ont une capacité de travail beaucoup plus faible que les autres étudiants ».

Par exemple, une personne qui étudie aux Etats-Unis peut obtenir 10 de moyenne en sciences et 11 en anglais, mais elle aura 10 en science et 12 en anglais. « Cela ne fait pas sens pour eux. Et pour les Etats-Unis, cela fait sens car cela veut dire qu’ils peuvent être admis dans une université », explique Thierry Kresser.

L’une des solutions possibles est de faciliter l’accès à la bourse d’études américaines. « Le gouvernement français pourrait prendre des mesures pour faciliter l’accès à la bourse d’études », suggère Thierry Kresser.

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October 31, 2023

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